On aura tout entendu à son sujet, ou presque. Par le passé,
il a été décrié, il est à présent le must-do si tu es une bonne mère. D’une
évidence à certaines époques et dans certaines classes sociales, l’allaitement
déformait la poitrine des Françaises d’avant la révolution et les bébés
mourraient par dizaines chez les nourrices. Il déforme les seins, les aplatis,
etc., etc.
Il y a celles, adeptes jusqu’au bout, qui continuent,
serrant les dents, les tétons en sang. Il y a celles qui ne supportent pas
cette sensation animale, cette impression d’être une vache laitière.
Il y a eu le scandale du lait en poudre dans les pays
d’Afrique. Il y a eu des décennies de méconnaissance où les bébés étaient mis
au sein 3 ou 4 jours seulement après la naissance, et ne savaient plus téter.
Cette autre époque, plus récente, où le lait n’était pas suffisamment
nourrissant. Il s’avérait que seul le premier lait était testé, le début de
l’écoulement qui donne de l’appétit, mais est plus léger.
Combien de mères ont dû se priver ou cesser de nourrir leur
petit au sein à cause de tous ces « on-dits », méconnaissances ou priorités
merchandising.
Nous passons toujours d’une extrême à l’autre. Du tout au
lait en poudre à l’allaitement jusqu’au-boutiste. C’est ce besoin humain de
tout contrôler. Ce qui passe dans l’estomac du bébé, la quantité, la
consistance du lait ingéré, le nombre de tétées, le temps entre chacune, la
durée, etc. mais qu’en est-il de la qualité ? la simple qualité du moment
passé entre la maman et son bébé à échanger cette nourriture. Moi, je suis du
genre plutôt tolérante. Je souhaiterais faire passer ici un message
déculpabilisant et j’espère qu’il sera bien reçu. J’espère engager une
discussion et serai ravie de lire vos commentaires en réaction à cet article.
Pour ma part, et ce point du vue n’engage que moi ;),
peu importe qu’on allaite ou pas, l’essentiel étant de faire ce qui nous
convient le mieux. Personnellement, j’allaite. Lors de ma première grossesse,
je n’étais pas sûre que j’aimerais cela. La projection de la vache laitière
c’était moi. Et puis à la maternité, un infirmier, un homme, un comble ! m’a
appris à allaiter mon bébé. Cela s’est passé si simplement, d’une telle
aisance. Et j’ai adoré cela et ma fille aussi. L’allaitement a duré 15 mois.
D’un allaitement complet jusqu’à 6 mois, car comme toute jeune maman, je désirais
si bien faire, à quelques tétées réconforts à la toute fin. Jusqu’à ce que je
récupère mon corps. Car zut ! 9 mois de grossesses + 15 mois d’allaitement
ça fait tout de même 2 ans où mon corps ne m’appartient plus tout à fait. Ne
pas boire trop de café, contrôler la consommation d’alcool, etc.
Une évidence. Un grand confort. Et surtout finalement pour
moi qui suis une grande flemme et qui aime me faciliter la vie au maximum, un
nichon, toujours sous la main. Si bébé a faim, soif, pleure, peu importe. Une
grosse lolette géante. C’est tout de même sacrément pratique… et le contact
physique, si agréable.
Mais pour moi, cela fut plutôt facile comme je l’ai dit. Qu’en
est-il pour celles qui n’y arrivent pas ? pour celles dont la douleur est
insupportable ? quand doit-on s’affranchir de la mode actuelle, du préjugé
du moment ? qu’en est-il du droit de choisir, si l’allaitement à moi me
correspond, peut-être que ma cousine ne s’y voit pas du tout ! Comme je
l’ai souligné précedemment, je souhaite plaider pour une plus grande ouverture
d’esprit. Que les femmes allaitent ou n’allaitent pas, mais qu’elles puissent
être authentiques avec elles-mêmes, en ayant la possibilité de choisir le moyen
qui leur correspondent le mieux.
Le lait maternel est magique. C’est vrai. Il se transforme
avec le temps, en fonction de l’âge du bébé et de ses besoins particuliers. En
fonction de l’état de la maman et de son régime alimentaire. Le lait s’adapte
naturellement comme aucun lait de substitution ne le fera jamais.
Mesdames, un des meilleurs conseils que j’ai décidé
d’écouter en matière d’allaitement, est celui-ci : « protégez-vous.
Ne laissez personne vous dire ce qui est mieux pour vous et votre bébé. »,
surtout pas vos maman, belle-mères et autre frangines ;) ceux qui nous
aiment le plus ne sont pas toujours ceux qui nous font le plus de bien. Et en
matière d’allaitement, les mots d’ordre ont tellement changés ces dernières
années.
On souffre de ce qu’on nous impose. Celles qui le
souhaitaient mais que l’on a empêché d’allaiter, parce qu’à l’époque les
connaissances en la matière étaient déplorables, ou parce qu’un certain marché
de l’alimentation se développait, le regrettent toujours, même 60 ans plus tard
pour certaines (un petit clin d’œil à ma grand-mère ;). Mais je me
souviendrai toujours de ma collègue de chambre à la maternité, qui quittait les
lieux en vitesse parce qu’elle sentait qu’on ne la respectait pas en voulant
lui imposer à coup d’arguments, certes non dénués de raison, mais d’humanité
certainement, l’allaitement à tout prix, le nouveau sésame de la bonne mère à
l’heure actuelle.
Si vous souhaitez allaiter et que vous n’y arrivez pas bien,
n’hésitez surtout pas à demander conseil. Ne lâchez pas l’affaire avant d’avoir
tout essayé. Il existe d’excellents produits, tant les copettes en argent que
les onguents cicatrisants. Et souvent, bêtement, connaître la bonne
position !
Vous pouvez contacter une conseillère en allaitement ou la
Lecche.
La différence entre les deux est celle-ci :
Les femmes de la Leche sont des mamans allaitantes ou ayant
allaité qui souhaitent promulguer l’allaitement. Elles pourront vous donner
tout un tas de conseils et vous faire bénéficier de leur expérience.
Les conseillères en allaitement sont toutes des professionnelles,
comme sage-femme ou infirmière. Elles ont donc une formation spécifique et
pourront vous donner des indications pratiques et vous montrer concrètement les
bons gestes et bonnes positions pour vous faciliter l’allaitement. Il est bon
de savoir que TOUTES les femmes peuvent allaiter, que TOUTES les femmes en ont
la capacité, qu’un lait maternel n’est jamais pas suffisamment nourrissant ou
mauvais pour un bébé.
Pour celles qui ne souhaitent pas allaiter, pour toutes les
raisons qui les regardent, ne le faites pas et ne vous préoccuper pas des
autres. Vous ne serez pas pour autant une moins bonne mère et votre bébé ne
sera pas moins aimé qu’un autre.
Lorsqu’on nourrit son bébé, on ne lui donne pas que notre
lait. C’est tout notre amour pour lui, notre manière d’être maman et de
l’accueillir qui se transmet à ce moment-là. Et c’est là l’essentiel de ce
moment.
Caroline, co-gérante à Mère et Terre Chavornay
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire